Chambres


Louvain-la-Neuve



Nancy, Hôtel des Prélats


lundi 19 septembre 2011 | Chambres | Aucun commentaire


Une coque à l’horizon

On le disait perdu en mer, prisonnier des Sargasses, l’équipage affamé tirant à la courte paille qui passerait à la marmite… Nenni, sœur Anne, je vois à l’horizon un éclair d’acier qui flamboie ! C’est bien lui ! Il est reviendu ! C’est


(un clic et c’est plus grand)

Qui sont le mystérieux Docteur Tran et le joueur de tuba des rails du Mile-End ?
Que sont les jardins anarchiques de Bruno Montpied ?
Que se passe-t-il à Albuquerque (par-delà le bien et le mal) et à la Jack Kerouak School of Disembodied Poetics (Naropa) ?
Que chantent Captain Beefheart, les Throwing Muses, Michael Hurley, Jacques Higelin et Éric Lapointe (oui, même lui) ?
Comment promener son ennui à bicyclette au Lac Saint-Jean?
Quid de Cascadia et de la course aux écoles privées ?
Que disait Jean Benoît ?
Qu’a écrit Odilon-Jean Périer ?
Que lisait Pierre Peuchmaurd ?
Quels sont les secrets de l’Autre Monde ?
Comment filme-t-on Montréal ?
Et le cybersexe dans tout ça ?

Anne-Marie Beeckman, Jean-Yves Bériou, Daniel Canty, Maïcke Castegnier, Geneviève Castrée, Maxime Catellier, Benoît Chaput, Byron Coley, Bérengère Cournut, Patrice Desbiens, Julie Doucet, Hélène Frédérick, Joël Gayraud, Sarah Gilbert, Dan Hillier, A.J. Kinik, Gabriel Landry, Gabriel Levine, Setrak Manoukian, Thurston Moore, Antoine Peuchmaurd, Barthélémy Schwartz et Valérie Webber font toute la lumière sur ces épineuses questions.

Sans oublier la typographie inusuelle de monsieur Moulino et le jeu impossible de votre serviteur qui vous apprendra comment aller de Jules Verne à Jules Verne.

Propulsion du fier submersible le dimanche 18 septembre à partir de 17 heures à la librairie Le Port de tête (262, avenue du Mont-Royal Est, Montréal).

Lancement concomitant de l’épatante Typographie inusuelle de Marc Pantanella qui met la gaieté dans les casses (L’Oie de Cravan/Finitude, extrait) et du dernier numéro de Der Stein, le fanzine en allemand de Julie Doucet.

Vins pour la soif et feux de joie. Qu’on se le dise, mille barils !

LE BATHYSCAPHE EST UN ESQUIF SANS PUBLICITÉ NI SUBVENTION !
C’EST VOUS QUI FAITES TOURNER L’HÉLICE !
CULTURE INACTUELLE – PLAISANTERIES DOUTEUSES
ÉQUIPE INTERNATIONALE


mardi 13 septembre 2011 | Actuelles | 1 commentaire


Version anglaise

J’ai toujours pensé que le plus beau cadeau, pour un écrivain, consistait à être traduit dans une langue qu’il connaît, de manière à pouvoir enfin se lire comme un autre. Ce petit bonheur vient de m’arriver, grâce à Edward Gauvin — lecteur féru de fantastique et traducteur, notamment, de Bernard Quiriny — qui a suffisamment aimé le Voyageur de la nuit pour en traduire des morceaux choisis et les proposer à la rédaction de Birkensnake, qui les a acceptés.
Birkensnake est une petite revue littéraire américaine publiée avec un soin tout artisanal. Mise en page sobre, impression en deux couleurs, reliure cousue main. Le numéro 4, tout juste paru, peut se commander ici ; on peut aussi le télécharger gratuitement dans divers formats.
La traduction impeccable d’Edward Gauvin allie l’élégance à la précision. Qu’il en soit ici remercié car il m’a fait,  je le répète, le plus beau des cadeaux. Pour tout dire, je me trouve bien meilleur prosateur en anglais.


dimanche 4 septembre 2011 | Actuelles | 5 commentaires


Dans le bateau des morts





Séquence finale des Trois Couronnes du matelot, de Raoul Ruiz (1983)

« Dans le bateau des morts, il faut toujours un marin vivant. Je compris que c’était à moi de remplir cette tâche humiliante. »


samedi 20 août 2011 | Dans les mirettes | 2 commentaires


Faudrait


Gérald Godin et Pauline Julien en 1969. Photo Gabor Szilasi.

Pauline Julien : Faudrait.
Paroles : Réjean Ducharme. Musique : Jacques Perron. Direction musicale : Jacques Marchand. Récital au Théâtre du Nouveau Monde (Montréal), septembre 1975.

L’hymne de la rentrée.


mardi 16 août 2011 | Dans les oneilles | 3 commentaires


Hitchcock et Newman

C’est la réplique qui m’a le plus fait rire dans le livre de Patrick McGilligan. S’il ne traitait pas exactement ses acteurs comme du bétail, Hitchcock pouvait se montrer d’une cordialité glaçante lorsque le courant ne passait pas. Et, chose certaine, il ne supportait pas les acteurs du genre « psychologique » qui se torturent les méninges sur les « motivations profondes » de leur personnage et assaillent de questions leur metteur en scène. On se doute dès lors qu’il eut quelque difficulté, à la fin de sa carrière, avec la nouvelle génération de comédiens formés à la Méthode. Sur le tournage du Rideau déchiré (film qui souffre entre autres problèmes du miscasting flagrant de son couple vedette), une batterie de collaborateurs étaient chargés de faire tampon entre le cinéaste et Paul Newman « qui l’irritait avec ses questions inspirées par l’Actors’ Studio et ses suggestions de scénario tout aussi irritantes ».

« Une de nos tâches, se rappelle [le scénariste Keith] Waterhouse, était de tenir Paul Newman à distance de notre réalisateur, lui décrivant la pensée derrière chaque scène ou réplique qui l’inquiétait et, si nécessaire, inventant des explications tirées par les cheveux pour le comportement des personnages. Nous sommes devenus assez experts en la matière. »

Une scène complètement mineure, où Newman devait rencontrer secrètement [Julie] Andrews et recevoir un paquet de sa part, le préoccupait terriblement ; malgré tous les efforts des scénaristes pour le rassurer, il tint absolument à en parler longuement avec Hitchcock pendant la répétition. Après maintes circonlocutions, Newman demanda finalement comment il devait réagir face à Andrews.

Hitchcock répondit, avec son plus bel accent britannique : « Eh bien, monsieur Newman, je vais vous dire exactement ce que je pense. Miss Andrews descendra l’escalier avec le paquet, et vous, si vous le voulez bien, regarderez juste un peu à droite de la caméra pour remarquer son arrivée ; sur quoi mon public dira : “Oh ! qu’est-ce qu’il regarde, le gars ?” Et alors, je couperai, voyez-vous, et leur montrerai ce que vous regardez. »

« Je n’ai jamais entendu une meilleure ou plus concise analyse de ce que c’est que faire un film », conclut Waterhouse.


jeudi 28 juillet 2011 | Au fil des pages | 2 commentaires


Hitchcock, ombres et lumière

Le livre de mon été. Un pavé de neuf cents pages (plus deux cents autres de filmographie, de références et d’index) dévoré d’un bel appétit, aussi passionnant que l’était la biographie de Howard Hawks par Todd MacCarthy parue chez le même éditeur. Le complément désormais indispensable au Hitchcock/Truffaut. On apprend des tas de choses sur l’enfance et la famille de Hitch, ses débuts professionnels, ses méthodes de travail (qui nuancent l’image d’un perfectionniste maniaque), son investissement dans la préparation des films et le travail avec les scénaristes procédant par plusieurs couches de réécriture, la manière dont il s’assimilait progressivement le film en cours de maturation en le racontant inlassablement aux participants pressentis, avec un plaisir gourmand, jusqu’à le posséder par cœur ; l’importance du rôle d’Alma Reville (non crédité à sa juste mesure dans les génériques) ; l’engagement discret d’Hitchcock durant la Deuxième Guerre (qui dément la réputation d’un créateur réfugié dans sa tour d’ivoire), son penchant marqué pour les mystifications et les plaisanteries scabreuses d’un goût parfois douteux (le cockney, en Hitch, ne sommeillait que d’un œil), son jeu du chat et de la souris avec les producteurs et la censure, ses rapports avec les comédiens, loin de la légende voulant qu’il traite les acteurs comme du bétail. On notera à ce propos le soin extrême qu’il apportait au casting des seconds rôles, servi par une mémoire encyclopédique du théâtre qui lui permettait par exemple de se souvenir à point nommé de telle comédienne anglaise aperçue quinze ans plus tôt sur scène. Anecdote amusante, parmi beaucoup d’autres : l’apparence de Raymond Burr, le mari assassin de Fenêtre sur cour : chevelure courte et frisée, lunettes, chemises blanches, tabagisme, visait à évoquer David O. Selznick ! Petite vengeance d’Hitchcock qui en avait bavé sous la férule (et le contrat machiavélique) du producteur.

Un tel livre s’appuie évidemment sur un travail d’enquête colossal ; mais ici la masse d’informations, bien proportionnée et mise en perspective, est distillée avec un réel talent narratif (qualités dont l’absence rend souvent fastidieux ce genre de pavé biographique ; rien de tel ici). Ni hagiographie ni déboulonnage mais un regard à juste distance. Patrick McGilligan cherche naturellement à voir au-delà de l’image publique du cinéaste et de sa légende, élaborée de son vivant par l’intéressé lui-même ; mais il se garde de la nouvelle mode anglo-saxonne de la biographie à charge, où la moindre note de blanchisserie impayée est brandie par le biographe-procureur pour convaincre son sujet d’infamie. À quelques reprises, il remonte calmement les bretelles de Donald Spoto — qui avait noirci le tableau comme à plaisir dans son Dark Side of Genius — en proposant une interprétation plus nuancée (et plus convaincante, il me semble) des faits. Et quand il bute sur une zone d’ombre, il l’admet très simplement. Que s’est-il exactement passé entre Hitchcock et Tippi Hedren sur le tournage de Marnie qui a glacé leurs relations (et peut-être provoqué cette fracture irrémédiable dans l’œuvre du cinéaste, souvent notée par les commentateurs) ? McGilligan passe en revue les hypothèses, confronte les témoignages, avant de conclure qu’on ne le saura sans doute jamais avec certitude.

Parmi les nombreuses choses que j’ignorais, je retiendrai celle-ci. Après l’échec de Marnie et du Rideau déchiré, il y eut un moment où Hitchcock sentit qu’il perdait la main. À l’instar d’un Kubrick, il n’avait jamais cessé de voir énormément de films et de se tenir précisément informé de l’évolution du cinéma. Là, pour la première fois, face à l’émergence du « nouveau cinéma » des années 1960, il eut l’impression d’être techniquement dépassé (les films d’Antonioni en particulier lui firent une forte impression, qui tourna même à l’obsession). C’est alors qu’il se lança dans l’écriture d’un film encore plus radical que Psychose. Ce serait un film de style moderne et sans vedettes, tourné en décors et lumière naturels avec de la pellicule rapide, avec sexe et violence ultra-explicites — comme si, pour la première fois, tout le contenu latent des films de Hitchcock se trouvait jeté en pleine lumière. Ce projet très personnel, Frenzy (sans lien avec le film qui sera tourné quelques années plus tard sous le même titre), comptait énormément pour le cinéaste qui s’impliqua à fond dans sa préparation en paraissant y trouver une seconde jouvence. Cependant, le film ne vit jamais le jour, faute d’obtenir l’appui de producteurs effrayés par l’audace du scénario. Sans préjuger du résultat (Truffaut, qui lut le script, fit honnêtement part de son scepticisme à Hitchcock, qui en fut quelque peu blessé), la description qu’en donne McGilligan ne laisse pas d’intriguer. Voilà un film fantôme, à l’instar du Voyage de Giuseppe Mastorna de Fellini et des Aventures de Harry Dickson de Resnais, auquel on n’a pas fini de rêver.

Patrick McGILLIGAN, Alfred Hitchcock. Une vie d’ombres et de lumière. Traduction de Jean-Pierre Coursodon. Actes Sud, 2011, 1128 pages.

[La traduction et l’édition d’un tel ouvrage représentent un travail considérable, et l’on sait gré à l’éditeur d’avoir maintenu l’index, outil indispensable régulièrement sacrifié par l’édition française. On regrette d’autant plus les défaillances du relecteur d’épreuves, qui a laissé passer des coquilles et des fautes d’accord spectaculaires, ce à quoi Actes Sud ne nous avait guère habitués. Plus étrange : il est de tradition de désigner David O. Selznick par ses initiales, D.O.S. ou DOS. Cet acronyme est curieusement composé « Dos » dans le livre (l’œil bute là-dessus à chaque occurrence) : quelqu’un, au moment de la préparation de la copie, a dû faire un chercher-remplacer hâtif, sans prendre garde qu’il en résulterait des bizarreries telles qu’« un acteur filmé de Dos ».]

 


mercredi 27 juillet 2011 | Au fil des pages | Aucun commentaire