La poésie ce matin (12)

 

DÉJEUNER SUR L’HERBE

sous le trapèze des abeilles
je coupe avec la tranche des caresses
un cerisier qui est un cou de femme
où pendent dix ruisseaux de sel

assise sur une musique d’herbe
elle lit nue un bouquet de tulipes blanches
un faisan court entre les ors
de ses cuisses évadées des gouttières

Ses cheveux donnent des céréales au vent
et l’épervier lui porte une auréole
dans l’œil une chenille joue de la harpe
la lente mélodie du chaud mâchicoulis

ses cils taillent l’aigue-marine
d’une ouverture de nuage
par la magie des joues frottées au marbre
elle sait le sourire des rivières

Hubert Antoine, Tohu-bohu et brouhaha.
Le Cormier, 2013


samedi 1 juin 2013 | La poésie ce matin | Aucun commentaire


Typo des villes (17)



Bruxelles


mercredi 22 mai 2013 | Typomanie | Aucun commentaire


Dimanche en jazz (8) : Chris Connor

[audio:http://home.scarlet.be/~th046862/zk/cc.mp3]
Nice Work if You Can Get It. Arrangement de Ralph Sharon. 12 mars 1957.

Lorsqu’on évoque les grandes interprétations des chansons de Gershwin, on songe en premier lieu à Ella Fitzgerald et à son monumental George & Ira Gershwin Songbook enregistré pour Verve sous la houlette de Norman Granz (cinquante-trois chansons, des plus connues aux plus obscures, réparties sur cinq 33 tours puis quatre CD). Mais révérence gardée à la grâce solaire d’Ella, les orchestrations luxueuses et satinées de Nelson Riddle, avec leur débauche de cordes, ne sont guère à mon goût ; si bien que je suis porté à lui préférer le remarquable double album de Chris Connor.
Relativement négligée aujourd’hui hors du cercle des happy few, Connor est la chanteuse cool par excellence, dans le sillage de June Christy (à laquelle elle succéda dans l’orchestre de Stan Kenton), mais avec un grain de voix plus riche et plus pénétrant. Le Gershwin Almanac of Song est sans doute son chef-d’œuvre: un projet manifestement mûri, et d’une remarquable unité quoiqu’il mobilise sept formations instrumentales différentes. Nice Work if You Can Get It offre, en à peine plus d’une minute, un condensé de son art. Elle y swingue avec une parfaite relaxation sur tempo médium tout en remodelant sans effort le tempo et la mélodie. Les séances Bethlehem et Atlantic de la dame méritent aussi le détour.


dimanche 12 mai 2013 | Dans les oneilles | 1 commentaire


C8H10N4O2

Pour Charles Tatum, évidemment.




samedi 11 mai 2013 | Grappilles | Aucun commentaire


Enrichissons notre vocabulaire

… grâce à l’excellent quiz show de la BBC Pointless, aussi aimable que ses équivalents français (genre Questions pour un champion) sont horribles. On y a appris hier l’existence d’un verbe utile et oublié, dispope. To dispope, c’est refuser de reconnaître quelqu’un comme pape, ou encore le décharger de sa fonction papale. La langue anglaise est pleine de ressources.




Grande fête des amphibies

On a peine à le croire : un nouveau Bathyscaphe va faire surface moins d’un an après le précédent !

On le croit sans peine : les caisses du navire sont vides !

Les capitaines l’ont bien vite compris : une seule solution, faire la fête au bénéfice du fier submersible !

PROGRAMME DE LA SOIRÉE

Monsieur Urbain Desbois lui-même

Le Clou de la gang , nouveau groupe de Simon Drouin, Julie et Zachary Delorme,
Danya Ortmann et Jasmin Cloutier
(plusieurs membres de l’Orchestre d’hommes-orchestres)

Le retour du fabuleux Gabe Levine
accompagné au piano par Keio Devaux

Le légendaire poète américain Charles Plymell
accompagné à la basse par Mauro Pezzente

Le retour du critique et poète Byron Coley
accompagné à la guitare par Bill Nace

Myriam Gendron et son projet de chansons
sur des poèmes de Dorothy Parker
accompagnée au violoncelle par Laurence Gendron

Greg Webber (le Urbain Desbois du Nouveau-Brunswick ?)
et son groupe Kill Chicago

Pour terminer la soirée, Laurent Lussier,
Vincent Couture et Marie-Christine Quenneville,
les dj de l’enfer de Royal Air Togo,
prendront possession de vos âmes par le biais de vos corps

***

Le dimanche 12 mai à la Sala Rossa, 4848 Saint-Laurent, Montréal.
Entrée : 15 $
Le nouveau Bathyscaphe à prix spécial
Des posters rares de Simon Bossé et Julie Doucet.

Ouverture des portes à 18 heures.

LE BATHYSCAPHE EST UN ESQUIF SANS PUBLICITÉ NI SUBVENTION !
C’EST VOUS QUI FAITES TOURNER L’HÉLICE !
CULTURE INACTUELLE – PLAISANTERIES DOUTEUSES
ÉQUIPE INTERNATIONALE


dimanche 5 mai 2013 | Actuelles | Aucun commentaire


Sur le pavé, le jazz

Jamais vu ça en vingt ans de fréquentation de la brocante Saint-Pholien. Le jazz, aux puces, ça se résume d’ordinaire à quelques compils de troisième ordre égarées entre les Quatre Saisons, les chefs-d’œuvre de l’opérette et les grands hits de la dance music. Très rarement, un vinyle intéressant. Là, c’était tout le contraire. Une collection de CD d’une qualité exceptionnelle, témoignant d’un goût sans faille ; une vie d’écoute et de passion. Le destin ordinaire d’une collection après la mort du collectionneur, c’est la dispersion ; mais cela m’a fait mal au cœur de la voir finir ainsi, jetée sur le pavé par des héritiers pressés. Elle méritait un meilleur sort. Elle appartenait à un avocat, monsieur Frankinet de la rue des Bonnes-Villes, qui, personne n’est parfait, avait la mauvaise habitude d’inscrire son nom et son adresse sur toutes les pochettes (tantôt en la griffonnant d’une écriture à grands jambages, tantôt au moyen d’un coup de tampon encreur ou encore d’une étiquette autocollante impossible à enlever sans tout déchirer), et de souligner au bic ou au marqueur fluo ses plages préférées. Paix à ses cendres. Je lui dois d’avoir enrichi ma collection de soixante CD pour la somme de 50 €. Que du premier choix : Sinatra période Capitol (la meilleure), Basie, Benny Carter, Teddy Wilson, Monk, Rollins, Mingus, Dolphy, Jackie McLean, Art Pepper, Warne Marsh, Mal Waldron, Steve Lacy, Cecil Taylor, Jimmy Lyons, Bill Dixon, Anthony Braxton, David Murray, John Zorn and so forth. Et si j’étais arrivé cinq minutes plus tôt, j’aurais chopé une pile imposante de Sun Ra et de Vienna Art Orchestra dont s’est emparé un autre amateur.