Le rayon noir

Ils aiment le polar et ils sont nantais : comment leur résister ? Les aimables animateurs de Fondu au noir invitent chaque mois un bloguiste à parler de ses polars préférés, et c’est avec plaisir que je me suis livré à l’exercice. Ma contribution se trouve ici. Pour parcourir l’entièreté de la rubrique et enrichir sa liste de lectures dans des proportions inquiétantes, c’est ici. Fondu au noir publie également une revue dédiée au genre, l’Indic. Quand on vous disait qu’ils sont fous !


vendredi 6 novembre 2009 | Rompols | 7 commentaires


Faux et usage de faux

Éprise d’images et d’objets rares, de choses anglaises et de recoins secrets, Florizelle anime un des blogs les plus enchanteurs de la toile, le Divan fumoir bohémien. La constance avec laquelle elle découvre des trésors émerveille. Elle lève ici un coin du voile sur l’étonnante histoire des (fausses) valises de Frida Kahlo, qui ne manquera pas d’appâter les amateurs de mystifications de haut vol, dont nous sommes. La fabrication d’archives personnelles étant un sujet diablement fascinant, on lira avec un égal intérêt, toujours sous la plume de Florizelle, l’histoire des lettres d’amour du major Martin. Cet espion qui n’existait pas apparaît comme la version historique du Kaplan de la Mort aux trousses.


jeudi 5 novembre 2009 | Grappilles | 1 commentaire


Galimatias

Sur le terrain du langage, à présent, on n’est plus aux prises avec ces évolutions traditionnelles qui faisaient braire les passéistes. On n’a plus affaire à ces transformations qui venaient du peuple. Le galimatias de maintenant est fabriqué par les tristes élites de la politique et de l’économie, de la publicité et de l’intelligentsia, et, dûment concassé, il est constamment déversé par la télévision et les autres médias. Dans le même moment, le peuple se tait. (Le verlan actuel, dernière tentative pour ranimer un langage marginal, est, dans une large mesure, très vite capté par la novlangue médiatique. Et d’ailleurs le problème n’est pas ici que puissent encore vivre des langages marginaux, mais si une langue centrale, et notamment lisible par tous, peut survivre.)
On pourrait faire sourire en énumérant longuement des mots et expressions de la novlangue. Mais c’est leur combinaison (ou devrais-je dire combinatoire ?) qui fait un effet vraiment inquiétant. Combien de temps garderons-nous une parties de nos facultés de traduire, d’écrire, ou même de penser quand, de toutes parts, il est question des effets pervers d’un différentiel, de se situer dans une fourchette, de remettre sa copie sur le chantier (si !), de redistribuer les cartes aux partenaires sociaux — afin sans doute que la balle soit dans leur camp à l’horizon 2000, à moins qu’il ne s’agisse d’initier par là une remise à plat des indicateurs, ou des acteurs — bref, d’apporter sa pierre au débat ? (si ! si ! celle-là aussi, je l’ai lue).

Jean-Patrick Manchette, « Traduc-tueur ? »,
Chroniques, Rivages, 1996.

Ces lignes datent de 1993. Elles sont encore plus vraies aujourd’hui. La radio et la télé en fournissent quotidiennement l’illustration. Les économistes tenant le haut du pavé, on ne s’étonnera pas qu’ils soient actuellement les principaux pourvoyeurs de ce néocharabia. Par exemple, on peut les tenir pour responsables de la mise en circulation récente du grotesque « impacter ». On devrait s’y faire et hausser les épaules, on n’y parvient pas — surtout le matin, quand nos défenses naturelles ne sont pas encore en place. La journée s’annonce radieuse, on reprend confiance en la vie, et soudain l’un de ces palotins vous gâche la première tasse de café en concluant sa critique du Rapport Machintruc d’un splendide : « Dans ce rapport, cette question n’est pas adressée. » Raaaah, le calque de l’anglais qui tue («to address an issue»).  À cet instant j’ai rêvé d’être l’Homme élastique des Fantastic Four pour allonger mon bras jusqu’à la Maison de Radio-France et lui en coller une dans sa goule. À défaut, je me suis repassé la scène où Nanni Moretti envoie une baffe à une journaliste (Ma come parla ? Vous vous rappelez ?). Ça soulage.


mardi 3 novembre 2009 | Actuelles | 1 commentaire


Du peu de réalité

La réalité est une hallucination provoquée par le manque d’alcool.

Proverbe irlandais


samedi 24 octobre 2009 | Le coin du Captain Cap | 1 commentaire


Vous êtes ici

J’éprouve une vive admiration pour les concepteurs de certains jeux de société ; pour le type particulier d’intelligence, à la fois astucieuse et tordue, nécessaire à la mise au point de jeux aussi originaux que Mr Jack ou Intrigues à Venise (jeu d’enquête en équipes où l’on ne connaît pas l’identité de son partenaire… pensez-y deux minutes). Ou encore ce Destination Trésor dont je guettais depuis longtemps l’apparition sur eBay, où je viens de l’acquérir pour la somme faramineuse de deux euros. J’emprunte le résumé de la situation de départ à Bruno Faidutti :

« Destination Trésor est un jeu d’exploration et de déduction. Vous avez été parachuté sur une île, vous avez une carte, mais vous ignorez où, précisément, vous vous trouvez. Votre adversaire, lui, sait où vous êtes… mais ignore où il se trouve. »

Stevenson rencontre Borges… N’est-ce pas magnifique ? On dirait le scénario d’un film de Ruiz de la grande époque.


lundi 28 septembre 2009 | Grappilles | 2 commentaires


Vintage

Parmi les choses désormais sans usage qu’on ne se résout pas à jeter figure notamment ce paquet de papier carbone. C’est là pure sentimentalité : souvenirs d’une fascination d’enfance pour les articles de papeterie et les accessoires de bureau, des premiers textes tapés à la machine (c’était une Hermès), des hurlements de rage en s’apercevant que la feuille de carbone était à l’envers et qu’il fallait recommencer la page. Et puis, j’adore la typo.

  


mercredi 23 septembre 2009 | Monomanies | 3 commentaires


Vedute portatives

On trouve encore facilement dans les brocantes, à un prix dérisoire, ces petites pochettes de vues-souvenirs de France et d’Italie, le plus souvent dédiées à une ville ou un musée. J’ignore de quand elles datent, probablement des années 1950 et 1960. Leur format varie de 6 x 9 à 7,5 x 10 cm. Les premiers modèles consistaient en un assortiment de vingt (plus rarement ving-cinq) photographies en noir et blanc. Par la suite, les fabricants sont passés à la couleur tout en optant pour une présentation en dépliant accordéon encarté dans un carnet. Plus émouvantes que les cartes postales en raison de leur format miniature, elles pouvaient donner au voyageur l’illusion enfantine d’emporter avec lui, dans sa poche, une ville ou un lieu. Elles demeurent, aujourd’hui, un merveilleux support à la rêverie.


(Désolé pour les photos pleine d’« escaliers » ; appareil numérique de mauvaise qualité)


dimanche 13 septembre 2009 | À la brocante | 2 commentaires