Thelonious Monk et John Coltrane

Superbe concert, miraculeusement retrouvé dans les archives de la Bibliothèque du Congrès. Monk et Coltrane en toute grande forme et en accord télépathique, soutenus par une rythmique impeccable. On sent que Coltrane est à un tournant de son évolution, on vit ce grand événement en direct, c’est magnifique. Les thèmes, on les connaît par coeur, mais ils sont attaqués avec un mordant, une énergie joyeuse dont il y a peu d’équivalents dans la discographie monkienne. Bref, un chaînon manquant essentiel dans le parcours des deux compères. Et la prise de son est excellente, contrairement au seul autre «live» connu de ce quartet légendaire (Five Spot Café, 1958), qui donnait l’impression d’avoir été enregistré clandestinement derrière la porte de la sortie de secours.

Thelonious Monk Quartet with John Coltrane At Carnegie Hall. Blue Note.


lundi 9 janvier 2006 | Dans les oneilles | Aucun commentaire


Ingestion

La manie des listes, l’exemple d’un modèle illustre (Georges Perec [1]) et une interrogation enfantine – « quelle est donc la quantité d’aliments qu’on ingurgite en une année ? » – m’ont conduit en 2003 à noter systématiquement ce que j’avais mangé et bu tout au long de l’année.

L’exercice demande une certaine discipline. Dans les premières semaines de janvier, il m’arrivait fréquemment d’oublier de prendre note, et de devoir en conséquence reconstituer de tête, avec difficulté parfois, ce que j’avais mangé les trois jours précédents.

Rapidement, cependant, cela devint une habitude et presque une seconde nature. Au point, lorsque l’exercice prit fin, de me laisser une sensation de manque. Il m’arrivait ainsi de tourner en rond, après un repas, en proie à la certitude d’avoir oublié de faire quelque chose de très important. Peu à peu, cela m’est passé et j’ai repris, comme on dit, une vie normale.

Les curieux peuvent découvrir ici cet inventaire absurde et vaguement monstrueux.

1. L’Infra-ordinaire. Seuil, « Librairie du XXe siècle », 1989.


lundi 2 janvier 2006 | Monomanies | 1 commentaire


Ars nova

Érudit, méthodique, dense mais d’une grande clarté, voici un passionnant voyage dans l’Ars nova flamand avec l’Hercule Poirot de l’iconologie. Issue d’un cycle de conférences, cette somme conjoint souplement approche historique et analyse stylistique, vues générales et études approfondies de certains tableaux.

L’introduction se penche sur le va-et-vient d’influences et d’emprunts réciproques entre l’Italie et la Flandre au XVe siècle, avec au passage un développement magistral sur l’avènement de la conception moderne de l’espace et l’invention de la perspective.

Les premiers chapitres analysent patiemment la lente transition qui conduit du gothique finissant à la Renaissance flamande proprement dite, traquée à la loupe à travers les livres d’heures et les miniatures franco-flamandes, l’art de la cour de Bourgogne et les écoles locales du Nord.

Tout aussi passionnant est le chapitre sur la réalité et le symbole dans la peinture flamande, où Panofsky montre par exemple, à propos de van Eyck, comment le symbolisme en vient à s’incorporer la totalité de la réalité représentée.

Suivent quatre grands chapitres consacrés aux grands maîtres de l’art flamand, le Maître de Flémalle, les van Eyck et Rogier van der Weyden. L’ouvrage se termine par une étude sur leurs continuateurs immédiats, Petrus Christus, Dirik Bouts, Geertgen tot Sint Jans, Hugo van der Goes, Gérard David, etc. Les peintres de cette génération ont conjuré l’héritage écrasant de van der Weyden en effectuant, chacun à leur manière, comme les Carrache un siècle plus tard, un retour aux sources pour mieux repartir de l’avant.

Panofsky unit la clarté de vues, l’érudition parfaitement dominée à un sens du détail au coup d’œil pénétrant, qui lui permet de retracer d’un peintre à l’autre la reprise et l’appropriation d’un motif. Chemin faisant, on apprend pourquoi van Eyck a commis une « faute » délibérée de proportion et de lumière dans sa Vierge de Berlin-Dahlem, quelle est la signification des fruits et de l’aiguière disposés dans les recoins d’une Annonciation, pourquoi l’âne baisse la tête tandis que le bœuf la lève dans une Nativité, quand s’est formulé le sentiment de la mélancolie au sens où nous l’entendons encore aujourd’hui, et bien d’autres choses encore. Bref, c’est le genre de lecture dont on sort en ayant appris à mieux voir, et c’est très stimulant.

Erwin PANOFSKY, les Primitifs flamands. Traduit de l’anglais par Dominique Le Bourg. Hazan, 1992, 806 p.




Musée Robert Tatin (Cossé-le-Vivien)

Laval a enfanté Alfred Jarry, le Douanier Rousseau et Robert Tatin (1902-1983). Tatin a fait tous les métiers : pâtissier, décorateur, compagnon charpentier, entrepreneur de peinture en bâtiment, patron de bistro, céramiste, peintre et poète. Ami d’André Breton, grand voyageur (en Amérique latine, notamment, où il vécut parmi les Indiens Araucans de la Terre de Feu), cet homme aux mille curiosités occupa les vingt dernières années de sa vie à édifier un prodigieux domaine en pleine campagne, à Cossé-le-Vivien — lieu magique et enchanté, sorte de Palais idéal tenant de la statuaire de l’île de Pâques, de l’art aztèque et des totems africains.

juillet 2004


jeudi 6 octobre 2005 | Pérégrinations | Aucun commentaire


Alfred Jarry, né à Laval

À Alfred Jarry, la triste ville de Laval (Mayenne) a fait l’aumône d’un bout de rue — prodigieusement banale et sans caractère, comme par un fait exprès.

Cependant, la statue d’Ubu a une certaine allure.


juillet 2004


mercredi 5 octobre 2005 | Pérégrinations | Aucun commentaire


Tinchebray

À Tinchebray, la maison natale d’André Breton est à vendre… En raison de la présence d’une fabrique voisine, tout le quartier fleure le chocolat.


juillet 2004


mardi 4 octobre 2005 | Pérégrinations | Aucun commentaire


Honfleur


juillet 2004


lundi 3 octobre 2005 | Pérégrinations | Aucun commentaire